Régater avec ALEX

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Un vent de 35 km/h, des rafales à 60, pluie continue avant des orages l’après-midi…, le temps annoncé pour cette régate départementale n’incitait pas vraiment à l’Optimist. D’ailleurs, au cours de la semaine qui avait précédé la course, certains s’étaient posés  la question : « en être » ou pas ?  Ils en furent et n’eurent pas à le regretter.

La régate offre de multiples vertus. La première est d’être une école de voile. On y parfait les réglages de son bateau, on répète des manœuvres qui vont devenir des automatismes, on apprend à décrypter un plan d’eau et ses effets de site, à « lire » les risées qui vont animer le bord suivant. Pour les meilleurs, c’est l’occasion de se confronter à des équipages d’égale valeur et de progresser encore.

La régate est aussi mobilisatrice. « Je ne le sens pas », « la météo est exécrable», « on va se faire rincer » sont des propos qui annoncent le renoncement. Oui mais la perspective d’une course et l’émulation qu’elle provoque au sein du club, ravivent les forces et poussent, comme l’on dit maintenant, « à sortir de sa zone de confort ». Une extraction qui n’est jamais regrettée.

La régate révolutionne aussi l’idée de tourner en rond

Et puis, à bord comme ailleurs, la routine guette. En raison du train-train dominical, on connait des chefs de quart que l’eau, même salée, ne fait plus saliver. Pour ceux-là, la régate est une bénédiction. Oui, tourner en rond entre deux bouées est une alternative magnifique au ronron, sinon du quotidien, en tout cas du week end. C’est littéralement donner un sens à sa sortie en bateau. Et ça change tout.

Pour toutes ses raisons, ce dimanche 4 octobre au matin, sur les pontons de l’YCPF, treize équipages s’apprêtent à en découdre, harnachés dans leurs battle dress hivernaux: bonnets, cirés, polaires multicouches, bottes et gants bien sûr. En léger contre-bas, encore amarrés mais déjà malmenés par les rafales qui s’abattent sur le port, les voiliers font un peu penser à ces chats auxquels on ouvre la porte et qui se retrouvent dehors statufiés, dos courbé et regard par en dessous, en constatant 1/ qu’il tombe des hallebardes 2/ que souffle un vent à décorner les bœufs et 3/ qu’une bande de bergers allemands patrouillent à quelques mètres, la bave plein la gueule. 

Choc de coques ?

Course réservée aux quillards de sport et habitables, les Flying Fifteen sont en nombre avec sept représentants, une flotte complétée par le Starling et un Vent d’Ouest venu de Saint-Fargeau. Quatre habitables sont aussi de la fête : trois Edel et un Corsaire. Ils vont s’affronter sur un parcours banane, avec la bouée au vent située à hauteur de la station des eaux et la bouée sous le vent, proche de la rive droite, à 300 m en aval du club house. En tout quatre manches comportant deux tours, un tour mesurant environ 1 km. En réalité il est bien sûr plus long puisqu’il faut tirer des bords jusqu’à la bouée sud.

Alors que les effets de la dépression Alex se font bien sentir, le lancement de la procédure donne le ton. Les habitables, certains déjà sur la  « tranche », prennent leurs marques quand les mini bolides que sont les F15 (une demi tonne en charge avec leur équipage), foncent le long de la ligne, « courte » en raison du nombre de bateaux et encore rétrécie, puisque mouillée entre la rive droite et le ponton visiteurs, le port donc, ce qui limite encore la zone d’évolution. C’est bon pour le spectacle, moins pour le moral de certains skippers redoutant un choc de coques, en stock on l’a vu.

Pour les meilleurs, un match à trois

Sur la rive, saules et peupliers fléchissent sous les bourrasques dans un grand fracas de feuillages. Sur le plan d’eau les voiles claquent, on hurle « tribord » alors que l’eau défile en martelant les carènes. C’est sonore, c’est sportif, c’est bien. 

Top départ. Trois équipages s’échappent et les autres s’accrochent. Ce sera le scenario systémique de cette journée : les trois mêmes bateaux se disputeront les trois premières places dans chacune des manches, avec une régularité impressionnante : trois place de 1 pour le premier (Arno-Claire) trois place de 2 pour le deuxième (Christian-Stéphane), trois places de 3 pour le troisième (Laurent-Benoit). 

Derrière donc, on s’arrache. Quant au K, le seul F15 à arborer un vieux numéro de voile anglais, il part avec un tour de retard, en raison d’une impréparation manifeste. Ça commence bien. 

Tactique et tête au carré

La seconde manche est une répétition de la première. Les bateaux de tête privilégient plutôt la droite du plan d'eau, accumulent les virements mais gagnent plus vite au vent. Les autres traversent d’une rive à l’autre, confondant peut-être le lit du vent avec le lit de la rivière, ce qui indique tout sauf un mariage de raison. Pourtant cette confusion est fréquente sur la Seine, notamment chez les nouveaux pratiquants. Ce dimanche, le vent est axé sud-ouest, correspondant à l’alignement bouée de départ-bouée au vent. L’ignorer c’est tirer un bon bord… une fois sur deux.

D’autres tacticiens s’essaient à la géométrie et tentent de longues diagonales afin d’obtenir un meilleur angle de remontée et de limiter le nombre de virements. Oui mais ils sont confronté à un flux qui mollit et surtout refuse à l'approche de la rive droite. Résultat, au lieu de prendre la tangente, ces matheux fâchés avec les figures dans l’espace sont confrontés (comme les précédents) à un problème de carré, de bords carrés. A bord du K, ça ne va pas fort. Le banc du cockpit vient de rompre, rendant la position de l’équipier quasiment intenable. Il faut sortir les outils et dévisser une à une toutes les tiges de fixation. Les morceaux du banc seront libérés après plus d’un tour de circuit.

Quand un Fly part au planning

Un ardent rayon de soleil vient réchauffer la flotte dans la troisième manche. Le vent est là mais la pluie est en fuite. Tant mieux. Sous cet éclairage de cinéma, quelques skippers font le show. Bleuenn, équipée par sa mère Gwenola (à bord, la cheffe c’est bien la fille…), Bleuenn donc arrive lancée à la bouée de Valvins, prend de plein fouet une grosse gifle de vent qui soulève littéralement son F15, lequel accélère encore et… le Fly part au planning ! Du rarement vu sur la Seine. Elle enroule la bouée par l’intérieur laissant sur place les autres concurrents, interloqués. Magnifique ! Magnifique mais osé. Très osé. 

Ailleurs ça frotte, ça touche, ça cogne même et le Starling fait figure d’épouvantail. Non pas qu’il soit vilain. Au contraire. C’est le voilier le plus élégant de l’YCPF. Seulement voilà. Il est doté d’une pièce d’étrave ultra menaçante, une espèce de rostre, en acier inoxydable pour ne rien arranger. Regroupement en bout de ligne. De partout, on demande de l’eau, sur un mode pas forcément aimable. Surgit le Starling. A cette vitesse, il ne peut plus éviter le paquet et va faire une victime. Boum ! C’est le bor(dé de l’E)del. Le bateau de Jean-Pierre a le flanc transpercé, au niveau du cockpit.

Jamais à court d’imagination, le K est lui en train de couler. Son équipage tente de colmater la voie d’eau et écope, écope.

Règles de course et fair play

La quatrième manche correspond au podium. Arno termine 1er, Christian 2e et Laurent 3e. A bord d’autres bateaux, on perd en lucidité à mesure que la fatigue gagne: « tribord » crie celui-là qui navigue pourtant bâbord amure. Le responsable du Comité départemental abandonne, craignant pour la belle coque bleue de son Vent d’Ouest. Le vent faiblit un peu mais le ciel s’obscurcit et dans une heure il tombera des trombes d’eau. Qu’importe les équipages sont radieux. Ils ont vécu une belle journée de voile. Un à un les bateaux coupent la ligne. Le bel Edel de Jeff L prend une épatante 4e place devançant même le Vent d’Ouest. Et le K ? Et bien pour le K c’est toujours pareil. Au pied de la grue et alors qu’il allait être treuillé, le palan électrique disjoncte. Il faudra repasser dans une heure. Ya des jours…

Covid oblige, la remise des prix, masquée, a pour cadre l’esplanade du club house. Le président Eric Berezoutzky félicite tous les équipages et constate encore une fois la capacité du club a organisé un événement départemental en dépit « de conditions météo pour le moins musclées ». Cette course, dit-il, souligne aussi deux points importants : « Il est indispensable de respecter les règles de courses et, avant tout, de montrer du fair play sur l’eau, pour que la régate ne devienne pas un jeu dangereux par mauvais temps ». « Faut-il proposer des ateliers d’initiation aux règles ?  Faut-il mettre un troisième bateau à moteur à  l’eau, comme Jadran, qui embarquerait un arbitre susceptible de juger en temps réel les situations les plus complexes ?  Le prochain Codir se saisira de ces questions.

Commodore de l’YCPF, Bernard se réjouissait également de la participation nombreuse malgré « un vent tempétueux mais gérable ». Lui aussi revenait sur la question des règles de course. En résumé : régater c’est maîtriser les règles de course car il n’y a pas de jeu (et de sport) possible sans règlement. En plus d’être un sport physique, le régate est aussi une sorte de jeu d’échec où la stratégie est essentielle. Or les échecs sont passionnants parce qu’un cavalier n’avance pas comme un fou et qu’un pion ne fait pas n’importe quoi, contrairement à la reine, quasi omnipotente. La régate c’est pareil. Pour en tirer la quintessence, il faut connaitre les règles de course et apprendre à en jouer, à s’en servir.

Reste à savoir s’il faut organiser des sessions officielles de formation ou improviser, par petits groupes, des initiations destinées notamment aux nouveaux membres. « Je suis plutôt partisan de la seconde méthode » précisait le commodore.

A Eric Perois, responsable du comité de Seine et Marne, revenait le privilège d’avoir les derniers mots. « En ces temps troublés, qu’il est bon de voir autant de bateaux sur l’eau ». Il a dit qu’il est « bon » et pas qu’il est « bien » ou qu’il est « beau ». Non, qu’il est bon, une phrase qui vient du cœur. Il est vrai qu’en deux régates à l’YCPF et à un mois d’intervalle, Eric a vu trente et un voiliers s’affronter. Un record régional.

Résultats de la régate Quillards et Habitables

Régate YCPF Quillards et Habitables du 4 octobre à AvonRégate YCPF Quillards et Habitables du 4 octobre à Avon
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Publié dans Avon, Regate

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