10 km de l’YCPF : la charge de la brigade légère
Le club accueillait dimanche un très beau plateau de dériveurs. Objectif de ces coursiers ? Boucler le traditionnel circuit des « 10 km ». Allure recommandée : le pas de course.
Ambiance des grands jours, dimanche 6 septembre, au port de Valvins, fief du Yachting Club du Pays de Fontainebleau. Avec 21 équipages engagés et finalement 18 bateaux au départ, ces « 10 km de l’YCPF » enregistraient une affluence record, malgré les contraintes liées à la crise sanitaire. Avant le briefing organisé par Bernard (directeur de course) assisté de Céline, la longue file des voiliers attendant la mise à l’eau était en effet impressionnante et pour tout dire réconfortante. Car si les skippers et les équipiers présents étaient bien victimes d’un virus, c’était celui, autrement plus agréable, de la voile et de la compétition.
Comptant pour le championnat de Seine et Marne, ces « 10 km » réservé aux dériveurs attirait nombre d’équipages extérieurs, dont la délégation la plus en vue venait du CS Montereau, club de régatiers émérites. Pour cette raison sans doute, une flottille de six Snipe, dériveurs aussi élégants que pointus à régler, avaient fait le déplacement, l’YCPF n’étant pas en reste avec deux unités engagées. Windy, Wayfarer, 470, 420, Touring, Nordet, Vaurien, Yole OK, Laser… complétaient la flotte.
Des Snipe venus en nombre
Sur l’eau, Eric, président de l’YCPF, coordonnait avec Hervé et Jean-Paul la sécurité, plaçant ses bateaux à moteur aux endroits stratégiques, c’est-à-dire aux bouées, l’une placée en amont du pont de Valvins, proche de la rive droite, l’autre mouillée 500 m plus haut en remontant le courant, après la plage de Samoreau, soit 1 km aller-retour et 10 tours pour couvrir la distance-titre. Les autres missions de l’équipe sécurité étaient évidemment d’assister les équipages en difficulté, lors d’un chavirage par exemple, et de protéger la flotte en cas d’arrivée inopinée de… péniches. Dans ces cas-là, les règles de priorité ne sont guère à l’avantage des fins voiliers et mieux vaut éviter les mariniers. Dimanche, quelques barges ont fait irruption dans le débat, mais sans vraiment faire perdre la tête aux coureurs, habitués à se voir contester la Seine, à voile et à moteur.
Pour planter définitivement le décor, il manque néanmoins un élément de poids, poids n’étant d’ailleurs pas le meilleur adjectif pour qualifier ce qui n’étaient que des « petits airs », en tout cas le matin. Sous ce ciel bas de plafond, certains se sont arrachés les cheveux en cherchant à déjouer ce vent erratique, inexistant puis balançant des claques inexplicables, avant de s’effondrer quelques minutes plus tard, pour forcir un peu plus loin, le temps de passer la bouée, ou pas...
Une régate pour instinctifs
En résumé, une régate faite pour des marins instinctifs plutôt que pour des stratèges calculateurs. Ici pas vraiment de bord avantageux. Au portant, la droite et la gauche du plan d’eau sont tour à tour favorables. Quant au centre, il est parfois meilleur. A condition d’avoir de l’air. Sinon la sanction tombe. Après avoir eu le vent en poupe, il faut souffrir une reculade inexorable, sous les coups invisibles mais vicieux du courant fluvial. Ô rage.
Là, deux catégories de coureurs : ceux qui ont des nerfs d’acier et ceux qui les ont en pelote. Les premiers attendent plus ou moins stoïquement que le vent revienne, gardant le cap, au moins intellectuellement. Les autres tentent fébrilement une manœuvre, cherchent une autre option, désespérée bien sûr, et aggravent leur cas. Ce n’est plus une reculade mais d’une humiliante retraite dont il s’agit. Ô désespoir.
Deux duos et un solo
Snipe, Laser, Windy étaient toujours bien placés et leurs positions ne devaient rien au hasard. Ce sont d’ailleurs Jérôme Thomas (CS Monterelais) et son jeune fils Titouan qui remportent ces 10 km à bord du magnifique Snipe 31174, suivis par Nicolas Chelius (CN Viry Chatillon), remarquable régatier à bord d’un Laser parfaitement préparé. Le duo Desmeuzes-Kettler s’adjugeait la 3ème place avec leur beau Windy. Sur le Laser blanc, Christian Hardy termine 4ème et premier équipage de l’YCPF. Le doyen du club (41 ans de présence), champion du monde de F15 en 2015, est toujours d’attaque quand il s’agit d’aller taquiner la Seine avec un stick.
Lors du pot de clôture, le président Eric Berezoutzky se félicitait du nombre record d’équipages engagés, « ce qui fait de ces 10 km l’une des régates les plus importantes du département » et s’enthousiasmait en constatant le « haut niveau » de la flotte. Une flotte, ajoutait-il, qui se répartissait quasiment à part égale entre concurrents extérieurs et coureurs locaux. « Cela montre l’intérêt que les clubs franciliens portent à l’YCPF, tout autant que le dynamisme de ce club, capable d’engager 10 bateaux en régate ».
On notera d’ailleurs la première apparition en course de Pascale. Venue du cata de sport, elle se montra très à l’aise en 420. Quant à Alexandra, elle arrosa sa première journée au club par une tournée de 10 km. On a connu des entrées en matière plus reposantes. Cela dit, elle montra une belle vista à la barre du Nordet. Prochain rendez-vous le 4 octobre, cette fois pour une régate de quillards et habitables qui s’annonce tout aussi passionnante.
Classement de la régate des 10 Km YCPF 2020