« A défaut de mieux, on y a participé »
GPEN 2024 : European et National Flying fifteen à Crozon.
Ca rappellera des souvenirs à Christian Hardy qui fut titré champion du monde en 2015 sur ce plan d'eau dans sa catégorie F15 « Silver » ;
Seuls dans notre catégorie « classique », nous n'avons pu être classés autrement qu’en temps réel (il faut au moins cinq F15 "classiques" pour que le groupe ait son classement spécifique) or comme aucun coureur ou bateau d’un autre club français, anglais, Irlandais espagnol ou belge ne se sont déplacés en "old school" … dommage pour la série car cette épreuve n'est pas prêt d'être à nouveau organisée chez nous …
Comment exister parmi les 36 F15 gold qui nous doivent 4' à l'heure menés pour partie par le gratin mondial de la spécialité (Ian Pinell, Greg Wells, Richard Apthorp, Ian Caldwalder, etc..etc..etc..) sur des bateaux neufs et voiles neuves bien sur! A part essayer de coller aux quelques français présents (Dinard) et aux voisins Belges, aucun espoir de faire un résultat "honorable" dans ces conditions n'était permis avec notre vieux F15 cinquantenaire aux voiles usées de 2012, son spi poreux de 2002 et notre manque de niveau ! Les « cadors » de la discipline sur notre bateau auraient fait un bien meilleur résultat que le nôtre.. À l'inverse, il n'est pas certain que nous aurions fait mieux avec leur coursier ! Un monde nous sépare de compétences, de qualité de matériel et de maitrise du bateau ...
Il faut savoir que leur calendrier club chez nos amis anglos-saxon, c'est environ 40 régates divisé en 3 championnats (printemps été automne) et environ 20 entrainements d'hiver dans toutes les conditions sans compter les régionaux (Wales, Scotland, etc...) auquels vient s’ajouter leur National ; c'est dire l’expérience acquise et le niveau très relevé de la plupart des participants à cette régate ; nous, nous venions découvrir et faire ce que nous pouvions avec ce qu'on ne sait pas pour notre 2ième navigation en mer sur F15 ; objectif : Ne pas finir dernier ! Objectif atteint, on est « avant dernier » (c'est assez ridicule comme performance et on est loin de s'en satisfaire assurément) mais cela aurait pu être pire : ne pas être classé du tout, hors temps, disqualifié, ...
Avec des « si »
Si le temps compensé avait été calculé vu notre "handicap" face à ces bateaux nouvelles génération, nous serions 27ième (à vue de nez vu les écarts de ceux qui nous précédaient et la durée des manches : nous étions derrière, inévitablement, mais pas si loin que ça du groupe de belges et de français qui fermaient la marche : par contre, les anglais étaient très très très loin devant !). Si on avait eu les connaissances nécessaires pour gérer les changements de parcours à chaque tour de chaque manche (instructions données en anglais à la VHF que nous avons à moitié compris en raison du franglais du comité !) , et si nous n'avions pas raté l'arrivée de l'une d'elle en raison de notre incompréhension de ces situations assez complexes, on aurait pu être mieux classés… Les bons n’ont pas besoin de tous ces « si » pour être devant.. On ne se cherche pas d'excuses, factuellement on n’était pas au niveau.
La course
Jour 1 : convoqués sur zone de course à 14 h : le comité lance une manche dans 4 nœuds de vent à 16h30 .. puis une seconde vers 18h dans du 3 montant rafales à 4 (le thermique tant attendu), puis termine par un raid dans 3 nœuds de vent et renverse de marée (dont on rate l'arrivée !) à 19h30 pour rentrer au port vers 20h30.
Jour 2 : convoqués à 9h par un avenant uniquement diffusé par internet, on poireaute jusqu'à 14 h pour sortir du port alors qu'on avait vu du vent depuis 10h30 jusqu’à 13h30 sur le rond que nous partagions avec les open 5.70. arrivé sur zone, plus de vent... les anglais, sans rien dire, lassés de tourner en rond sous le cagnard sans que le parcours soit mouillé, tournent le dos au comité et rentrent au port l'air de rien ; ambiance grognon dans la flotte ; le comité, vexé, se voit obligé d'annuler toutes épreuves ce jour 2.
Jour 3 : convoqués à 9h30 sur zone de course, on attend encore dans la pétole que le comité mouille un parcours. Une manche fut enfin lancée à 13h30 dans 2 nœuds de vent après 3 rappels général et drapeau noir disqualifiant même les 1ers du classement ainsi que nos concurrents directs (les belges). Pas de bol pour nous, on était bien placés lors des 1ers départs sous "black flag" et nous ne faisons pas un bon départ à la 4ième procédure : la guigne. Pourtant, dans le petit temps malgré le courant compliqué à gérer et les zones de vent incertaines, on parvient à mettre 8 F15 « Gold » derrière nous et le vent s'écroule totalement pour nous à 20 m de la ligne ... qui finit par se fermer, notre interminable « sur place » nous mets hors temps.. La haine.
En conclusion
Ce ne fut pas un festival de manches vivantes et nerveuses comme nous espérions, la course a été assez "indigne" d'une régate de ce niveau vu le vent « inexistant majoritairement », mais les bons nous ont donné une belle leçon de navigation et ce fut très riche d'enseignements de voir ces "pros" manoeuvrer et naviguer. Pourtant notre belle "antiquité" à reçue l'officieux "prix d'élégance" du comité (on était le seul bateau coloré un peu original de la série et aussi le plus mal "fagoté" face à la concurrence. Les photographes nous ont très souvent shootés mais on n'a pas été choisis pour paraitre dans la médiathèque ... dommage.
Les pros du F15 (Pinell , Apthorp, Wells, Caldwalder, etc..) nous ont pris un peu sous leur aile, notre vieux "machin en polyester repeint " de 1976 leur rappelant des souvenirs, lorsqu' il y a longtemps ils étaient équipiers sur ces mêmes "wyche and coppock". Et dire que nous n'aurions même pas dû courir : notre foc ancienne jauge n'étant plus autorisé sur des courses internationales depuis 2022 (foc antérieur à 2017 interdit) ; par chance notre "contrôleur/jaugeur", (Mireille), vu les circonstances et l' équipement complet du bateau, nous a permis d'aller "jouer" avec les "grands malgré notre voile obsolète.
La cerise sur le gâteau, c'est un ancien champion du monde qui nous l'a offerte après la régate en nous faisant cadeau de son foc de secours Pinbax nouvelle jauge de 2019 .. “It’s a present for you ; welcome with us and see you next race” nous a dit Richard Apthorp classé 4 ème de cet European ; Why ? … “Thank you so much Sir ; I’ll remember all my life” Réciproquement les larmes ont coulées. Ça valait tous les podiums du monde.
La remise des prix à l’école navale fut un autre moment à vivre, entre les militaires en apparat, le président de la ffv venu discourir sur ce GPEN accueillant 12 séries de bateaux différentes répartis entre Camaret, Roscanvel, Crozon, rade de Brest, etc... Les podiums furent très touchants pour la plupart (handi-voile en « mini J » notamment), le diner des équipages dans le mess de l'école parmi le musée maritime fut aussi un condensé d'émotions fortes, entre les adieux, échanges de contacts et promesses de futur bienheureux.
Bilan ? à défaut de résultat "honorable" et valorisant pour le club, il est positif en acquis d' expérience même si il met en évidence toutes nos incompétences, à savoir : naviguer en mer n'a rien à voir avec la seine ou un lac ; bien naviguer sur un si grand plan d'eau dont on ne voit pas les bouées n'est pas du tout facile (aller le plus vite possible en faisant le moins de chemin possible tout en "gênant/déventant " les autres sans être gênés soi-même !) ; avoir connaissance de toutes les procédures est une compétence à part entière (ces changements constants de parcours nous furent fatal : il est vrai qu'on fait ça tous les jours dans le 77 !) ; on ne sait pas utiliser notre compas, à part pour savoir d'où vient le vent et de quel côté la ligne serait la plus favorable sinon il ne nous sert pas pour décider quand virer à contrario des anglais qui savent très bien utiliser leur "Taktik" qui ordonne de virer dès que le vent refuse ... on ne sait pas analyser une tel plan d’eau et l’exploiter correctement, je ne sais pas barrer dans cette eau qui bouscule le safran en permanence = je tricote à l’envers ! On n’a pas osé le départ au contact en 1ere ligne vu la lenteur de réaction de notre bateau comparé au leur : ils bordent ? Le bateau décolle … nous on se met lentement en route !
On a néanmoins navigué propre, sans fautes à réparer parmi une flotte de régatiers chevronnés venus pour en découdre (cette course compte pour la qualification au mondial ! ).
Casse matériel : notre enrouleur de foc a eu la gentillesse d'attendre le démontage du bateau pour rendre l'âme : merci ! Quant aux réglages possibles (cintrage de mat, creuser ou aplatir la gv, étarquer la bordure, reculer ou avancer le chariot de foc selon le vent présent, prendre du hale bas, etc...) j'avoue que j’étais tellement perturbé par ce gouvernail « agité » qui de + avait du jeu, que je ne savais pas quoi faire qui puisse améliorer la situation ...
C’est une expérience à vivre, bien qu'un monde nous sépare de ces coureurs qui connaissent et maitrisent le f15 depuis leur enfance. Comme m'a dit Greg Wells : "i have no cab but i have a lovely boat" (je n'ai pas de cabriolet mais j'ai un super bateau) en l'occurrence un Ovington mk10, le 4102, rutilant et top équipé (harken, dyneema etc)
La difficulté à exister dans ce type d'épreuve de haut niveau donne encore plus de mérite à Christian Hardy, membre de l' YCPF depuis les années 80 ; il est le seul champion du monde français de la série à ce jour ; Respect monsieur !
Lien pour photos des séries présentes : https://www.agpen.fr/photos-par-series-2024/
Arnaud SOLAZZO