« FORMATION ET NAVIGATION GUIDENT NOTRE ACTION »
Le Yachting Club du Pays de Fontainebleau ouvre sa saison avec la Primovera, une régate où chaque équipage intègre un nouvel adhérent. L’occasion aussi pour le président Kim Staeger-Holst de faire le point sur les ambitions du club en 2023. Elles sont grandes.
Alors que la saison débute véritablement le 26 mars avec la Primovera, quels sont les chiffres clés de l’YCPF en ce début 2023 ?
Kim Staeger-Holst : Au 1er janvier, le club comptait 86 membres, dont 37 nouveaux adhérents. Pour la première fois, la proportion de femmes atteint 30%. On voit aussi une quinzaine d’enfants licenciés. En fait le taux de renouvellement de nos membres est de 44% par rapport à l’année précédente, ce qui est remarquable. L’YCPF conforte sa position de leader seine-et-marnais et s’impose comme l’un des clubs majeurs d’Ile de France.
Quand la plupart des clubs affichent une certaine morosité, l’YCPF affiche une santé presque insolente. Comment expliquez-vous cette vitalité ?
Par un ensemble d’actions menées. Nous avons été présents sur les différents forums, parfois en présentant un voilier. Nous avons été très clairs sur le fait que le club est ouvert aux familles. Nous avons navigué tout l’été en « montrant nos voiles » sur le plan d’eau de Valvins. Nous avons pris des rendez-vous et organisé des baptêmes de voile durant tous les weekends de septembre, ce qui a facilité la découverte de nos installations. Enfin nous avons réorienté les contenus de notre site internet, en les
destinant à un lectorat plus « extérieur ». Auparavant, nos articles étaient plutôt tournés vers nos adhérents. Désormais, nous nous adressons à différents publics du Pays de Fontainebleau. A nos membres bien sûr, à ceux qui aiment la voile, mais aussi aux pratiquants de sports de plein air, aux amateurs de nature, voire à ceux qui apprécient les activités ou les mobilités « douces », « propres », « durables »...
Des tarifs d’adhésion réduits, plus justes et plus « social »
Quelles sont les grandes orientations qui guident la vie du club en 2023 ?
Notre développement s’appuie sur trois axes : formation, navigation, maintenance. Mais avant de développer ces notions, il est peut-être préférable d’expliquer quel est notre état d’esprit en ce début d’année.
Alors quel est-il cet état d’esprit ?
Pour favoriser plus encore la pratique, nous avons revu notre politique tarifaire. Au moment où la plupart des clubs augmentent leurs tarifs, nous avons conservé la même tarification pour nos membres propriétaires d’un voilier stationné sur le parc. Nous avons réduit de pratiquement 10% l’adhésion pour les membres non propriétaires d’un bateau. Pour les familles, l’adhésion des enfants passe de 100 € par an à 30 €. Ces 30 € correspondent à la licence fédérale, obligatoire ne serait-ce que pour des raisons d’assurances. Pour les enfants dont aucun parent n’est membre de l’YCPF, le tarif reste à 100 € par an. Nous avons enfin créé un tarif « étudiant » : 100 €, licence incluse, au lieu de 170 €, offrant l’accès illimité à l’ensemble des bateaux du club pendant toute l’année calendaire.
Des observateurs ont fait remarquer que ces tarifs étaient « agressifs », d’autres qu’ils étaient plus justes, plus « social »…
Encore une fois, cette tarification est destinée à faire naviguer le plus grand nombre. Elle prend aussi en compte les sociologies d’aujourd’hui, avec les familles mono parentales ou encore l’arrivée en nombre d’étudiants sur le territoire.
Revenons aux trois axes de développement. Pourquoi mettre l’accent sur la formation ?
Bon nombre de nos membres sont demandeurs de formations et notamment nos nouveaux licenciés. Depuis février, nous avons organisé différentes sessions d’initiation : principes d’avancement d’un voilier, vocabulaire marin, comportement sur l’eau, règles de priorité, matelotage (nœuds), approche des règles de course, armer et gréer un bateau avec des exercices pratiques sur différents voiliers du club, etc. En avril, et avec le concours du CDV77, nous aurons un module « perfectionnement » sur les règles de régate, assuré par un arbitre fédéral. En mai, toujours avec le soutien du CDV77, est programmée une formation grue, afin d’être habilité à mettre à l’eau quillards et habitables en toute sécurité. Plusieurs ateliers « entretien-réparation des bateaux », avec un focus sur le travail du plastique, sont également prévus. L’idée soutenant ces formations est de rendre tout nouvel adhérent autonome à bord, y compris à la barre du bateau. Cela signifie que ces apprentissages théoriques sont combinés avec des séances d’accompagnement sur l’eau. A noter que ces formations sont assurées par nos membres experts, à commencer par Bernard Brianchon, qui est en quelque sorte notre « professeur principal ».
La régate donne du sens à la « navigation du dimanche »
Vous avez évoqué l’aspect sportif…
Le volet sportif est lui aussi privilégié. Régater, c’est à l’évidence perfectionner ses compétences. Les « régates flash » sont de vraies nouveautés : le format est très compact, la logistique succincte, les règles allégées, à l’exception des départs, phase
cruciale et périlleuse de la course. C’est un format convivial, ludique, rythmé, qui donne un sens à la « navigation du dimanche » parfois routinière. Par ailleurs, un équipage YCPF a disputé la régate Ile de France à la mer, au Havre, il y a quelques jours. Sur notre plan d’eau, nous organisons six régates cette année, dont deux régates départementales et une de niveau régional. A noter encore qu’une équipe de course a été constituée, qui vise à organiser le déplacement de nos régatiers représentant le club à l’extérieur. Enfin, avec dix bateaux, voire onze, l’YCPF devient le premier club français de Flying Fifteen, un magnifique quillard de sport et de balade, d’origine britannique. Et puis j’ai un souhait plus personnel: organiser une régate d’Optimist, ces petits dériveurs conçus pour les très jeunes, avec nos licenciés de moins de 10 ans. Cette action envers « nos » enfants me tient beaucoup à cœur.
Comme ambition pour 2023 vous avez encore évoqué la maintenance. Qu’est-ce que c’est ?
L’YCPF compte 67 voiliers, dont 35 appartiennent au club. C’est une flotte considérable mais qui demande un effort d’entretien important. Aussi nous utilisons les bras disponibles pour optimiser nos bateaux. Cela s’intègre dans les ateliers formations « entretien-réparation », dont nos adhérents sont très demandeurs. Néanmoins, certains travaux complexes vont être confiés à des professionnels. Nous y affecterons une petite somme, économisée à cette fin depuis quelque temps. L’aspect maintenance ne s’arrête pas là. Il faut repenser le plan d’occupation du parc à bateaux pour faciliter la pratique, réaménager la voilerie, optimiser l’utilisation du hangar en bois, etc. Enfin, la maintenance, c’est l’achat de matériel. De voiles notamment, qui sont les moteurs des bateaux mais qui, même bien entretenues, s’abiment inexorablement.
« La fête fait partie de notre ADN »
Jeune président, vous entamez la seconde année de votre mandat. Quelle vision de l’YCPF portez-vous à moyen terme ?
Elle est à l’image de l’esprit de notre nouvelle tarification : un club avec plus de jeunes, plus de jeunes familles, ce qui supposent de travailler encore plus sur l’accueil des enfants. Un club toujours en progression : nous sommes 86, l’objectif « 100 membres » est à portée de main. Ça suppose d’avoir une flotte parfaitement opérationnelle.
Est-ce que cette évolution modifierait la vie du club au quotidien ?
Non, pas vraiment. Quand nous étions 40 membres avec 35 bateaux disponibles, il n’y avait pas de problème. Aujourd’hui, on comprend qu’il faudrait certainement instaurer un système de réservation des bateaux. Il est nécessaire également d’instituer une sorte de « livre de bord » pour chaque bateau, conçu comme un carnet d’entretien. Pour favoriser la pratique, il serait bien aussi de pousser à la navigation le samedi et un jour dans la semaine, pour l’entrainement. On pourrait aussi envisager en saison d’animer le club tous les soirs, à l’image des régates « twilight » des pays anglo-saxons. Ce sont de petits aménagements positifs. Notre vie de club ne changera pas, et nos fêtes, qui font partie de notre ADN, ne sont pas près de disparaitre (rires).
En résumé, à moyen terme, la vision présidentielle c’est…
… c’est plus de monde, plus de navigation, en régate et en balade, car la voile ce n’est pas seulement la compétition. C’est, pour le club, être un acteur connu et reconnu du territoire.
Et vous, personnellement, comment vivez-vous le quotidien du club ?
J’aime le sport, la compétition et les défis. J’aime être sur l’eau. Je n’ai pas la même expérience de navigation que certains membres de l’YCPF mais je suis d’origine danoise. Et chez nous la mer, la voile, les croisières… ça nous connait depuis le temps des Vikings (rires).
Est-il vrai que vous préparez le marathon de Paris ?
Oui, ce n’est pas de la voile mais c’est un défi.
Propos recueillis par B.C-B